Re-vivez la Nomad’Raid 2020 avec Eloïse !

08 juin 2020
Photo départ Normad'Raid

Eloïse, étudiante en Bachelor européen Communication, et son équipe les Spicy Eagle Riders ont participé à la deuxième édition du Nomad’Raid qui se déroulait du 9 au 19 février 2020. Les équipes sont parties de Hendaye, ont traversé l’Espagne puis le Maroc, pour finir leur course à Marrakech 5000 km plus tard.

L’objectif de chaque équipage du Nomad’Raid, est de rallier les villages nomades, répartis dans le désert marocain, afin de distribuer, des vélos et des vêtements chauds aux enfants. Ces dons sont destinés à aider les enfants du désert à se rendre plus facilement à l’école et à se protéger de la fraîcheur des nuits désertiques. Quelques mois après cette course humanitaire, Eloïse revient sur son périple.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Eloïse, j’ai 24 ans et suis originaire de Rennes en Bretagne. Je suis étudiante chez Enaco en Bachelor européen Communication.

Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est le Nomad Raid ? Qu’est-ce qui vous a donner envie de le faire ?

Le Nomad Raid n’est pas une course ! C’est une expédition de deux à trois personnes à bord d’une Peugeot 205 (préparée mécaniquement pour parcourir le désert). Le but est de parcourir 3 pays (France, Espagne, Maroc), soit un total de plus de 5000km en 11 jours depuis Hendaye jusqu’à Marrakech, un total de 5 jours se déroule dans le désert. Avant le départ, chaque équipage charge son véhicule de vêtements chauds et de vélos. C’est en plein coeur du désert, dans les villages nomades du Sahara, que nous nous arrêtons pour les déposer en échange d’un moment partagé avec les nomades et d’un thé marocain.

L’année dernière, j’ai déjà pris part à un raid traversant 20 pays en 23 jours, Europ Raid, et certaines personnes rencontrées lors de cette première aventure m’ont fait découvrir le Nomad Raid. J’ai tout de suite été tentée, j’ai trouvé un coéquipier qui à tout de suite adhéré au projet. Aucun de nous n’avais jamais posé un pied sur le continent africain et à défaut de le faire tels de vrais touristes, en prenant part à cette aventure, nous nous doutions que nous aurions la chance de traverser ce pays et de rencontrer de nombreux locaux. D’autant plus que l’édition 2020 du Nomad Raid n’était que la seconde, nous savions que nous ne serions que très peu de partants et que nous pourrions vivre l’aventure de manière plus intense.

Comment s’est déroulé le voyage ?

Sans hésiter, je vous répondrai qu’il s’est très bien passé. La traversée de la France et de l’Espagne ont été assez longues à l’allée. Nous avions deux jours pour aller d’Hendaye à Algeciras et prendre le bateau pour Tanger. A peine arrivés sur le sol marocain et nous étions déjà dépaysés. Un total de 31 Peugeot 205 engagées pour le Nomad Raid débarquent sur le port de Tanger et c’est la traversée de l’Atlas que nous entamons pour arriver jusqu’à la dernière station essence près de Merzouga avant 5 jours de désert.

5 jours intenses, à franchir des dunes, à creuser sous les roues pour nous désensabler, à pousser ou tirer les moindres 205 immobiles, à attendre les 4×4 pour nous sortir des endroits profonds, à changer nos pneus crevés et tenter de les réparer, à casser nos voitures un peu plus chaque jours en priant qu’elles tiennent le coup jusqu’au retour.

5 jours intenses, à contempler des paysages à couper le souffle, des enchainements de dunes infinis, des paysages presque volcaniques, à rencontrer des locaux chaque fois plus étonnant, cherchant à nous vendre des fioles de sables en plein désert, nous venant en aide même dans les pires conditions, assis sur un rocher et immobile durant des heures, ou encore à dos de dromadaire mais nous accueillant toujours avec le coeur sur la main. Les villages que nous avons desservis en vêtements chauds et vélos nous attendaient depuis longtemps. Les enfants à peine habillés, la plupart pieds nus sur un sol brûlant, les femmes à l’écart, le regard interrogateur et insistant. Sans réellement pouvoir échanger avec des mots, nous avons pu mettre un ballon en jeu et tenter de faire un foot avec les plus jeunes, le temps que d’autres terminent quelques tasses de thé et achètent des épices ou créations tissées par les femmes du village.

5 jours intenses, ayant fait de ces 31 équipages, une seule et même équipe.

Nous nous sommes ensuite dirigés vers Ouarzazate puis Marrakech où nous sommes restés deux jours avant de reprendre la route vers Tanger, puis de traverser l’Espagne et la France. Quand je vous disais que ces traversées étaient longues à l’allée, croyez-moi, au retour elles étaient interminables. Une vitesse de pointe à 80km/h, même sur autoroute, un arrêt tous les 200 kilomètres pour intervertir nos roues en fonction de leur inclinaison causée par les chocs du désert. Nous enchainons les pannes, bricolons comme nous pouvons, déjà 4 voitures devaient être remorquées et nous pensions bien finir l’aventure en dépanneuse nous aussi ! Mais non ! Nous avons tenu bons, sommes tous restés solidaires jusqu’à l’arrivée et c’est ce qui à fait notre force jusqu’au bout. Alors oui, je réitère, le voyage s’est parfaitement déroulé.

Des anecdotes à partager ?

Je pense qu’on ne revient pas d’un raid comme celui la, ou peut être même simplement d’un voyage au Maroc, sans anecdotes.

Chaque soir, dans le désert, nous étions accueillis par un groupe de jeunes marocains, chargés de faire le repas, d’installer les tonnelles, sanitaires, faire le feu.. Première anecdote, nous arrivons sur le bivouac (campement) en fin de journée et profitons du paysage en attendant les autres équipages. J’aperçois alors, avec beaucoup de peine, une chèvre vivante accrochée par les pattes à la galerie d’un des 4×4 marocain. Le soir, comme chaque soir, nous mangions des tajines, couscous, kefta.. J’ai appris plus tard que la chèvre en question avait fini dans mon assiette.

Autre anecdote, après ce repas nous nous sommes retrouvés autour du feu avec nos hôtes. Ces jeunes marocains, certainement très plaisantins ont souhaité nous apprendre des danses « locales ». Je me suis retrouvée autour du feu, à faire la danse de la poule puis celle du dromadaire. J’ai trouvé ca très étrange et pas particulièrement esthétique, surtout lorsque j’ai vu le rendu en vidéo ! Ils nous ont avoué le lendemain que ces danses n’existaient absolument pas mais qu’ils avaient bien ris !

Qu’est-ce que vous retiendrez de cette aventure ?

Lorsque l’on rentre de ce genre d’aventure, on revient vides de sens, pensant avoir laissé notre âme dans l’aventure. Rassurez-vous on la retrouve assez rapidement.

Ce qu’on retient, c’est qu’à la base on nous parle d’une expédition humanitaire, mais en plus d’en être une, je pense que l’on devrait surtout parler d’une expérience humaine, on vit face à soi-même, on se dépasse, on vit avec les autres et on ne forme plus qu’un. On ne revient pas de ce genre d’aventure indemnes, on en revient avec une famille, des souvenirs pleins la tête, et une envie toujours plus forte de reprendre le départ. Et pourtant, rien n’est jamais acquis, jusqu’au jour du départ nous n’étions pas certains de pouvoir partir pour des raisons mécaniques, et une fois partis, nous n’étions pas surs de revenir en voiture non plus. L’adrénaline, le stress, l’intensité de l’aventure, l’ouverture d’esprit, l’apprentissage, les rencontres, les découvertes, tout est ressenti à 200%.

Ce que je retiens, c’est qu’il ne faut pas s’oublier, il faut repousser ses limites et aimer ce que l’on fait.